Discours du Président Patrick DEMANCHE

Monsieur le Directeur à la Direction de l’Architecture et du Patrimoine, Mesdames et Messieurs les Présidents, Mesdames et Messieurs les Magistrats, Mesdames et Messieurs les Avocats, Mes chères Consœurs, mes chers Confrères Je voudrais tout d’abord remercier Madame Christine Albanel, Ministre de la Culture et de la Communication d’avoir bien voulu nous recevoir dans les Salons des Maréchaux au cœur du Palais Royal. Ce Palais Royal a connu bien des vicissitudes… et à échappé à bien d’autres. Une des dernières en date, peu connue, est l’approbation par le Conseil Municipal de Paris le 31 décembre 1930 d’un projet qui consistait à percer une voie Est-Ouest à travers le Palais Royal pour relier la Bourse du Commerce à l’avenue de l’Opéra… Une autre initiative remontant à 1912 voulait voir s’édifier dans les jardins du Palais-Royal la Bourse des Valeurs, celle de la place de la Bourse étant déclarée trop petite. Ces projets nous auraient certainement privés de ces merveilleux Salon des Maréchaux dans lesquels nous sommes qui sont situés dans l’aile droite du Palais-Royal, demeure de la famille d’Orléans. Son état actuel reflète son aspect des années 1814- 1815 au cours desquelles il a été procédé à la remise en état du Palais dont fait partie ce grand salon de l’appartement de la duchesse Marie Amélie, épouse du duc Louis Philippe, futur roi des Français. En 1959, lors de l’installation du Ministère de la Culture, le salon a été divisé en sept petits bureaux. En 1989, l’ensemble a été reconstitué par l’architecte en chef des bâtiments civils et palais nationaux, Monsieur Blanchet, qui, pour ce faire, s’est inspiré d’une gravure de l’architecte Fontaine. Un mot, maintenant, de notre Compagnie… Elle compte plus de 150 membres, et cette année 10 nouveaux experts ont été nommés. C’est vers eux que notre activité a été très soutenue , dans le cadre du parrainage, pour leur donner en dehors de leurs compétences techniques reconnues tous les atouts pour en faire de bons et loyaux experts, au travers d’une formation continue par des ateliers -débat permettant des échanges avec les experts plus chevronnés. Le CFCECAP, Centre de Formation des Compagnies d’Experts près la Cour d’Appel de Paris est là aussi pour leur donner toutes les lumières sur les principes directeurs du procès et les règles de procédure. Nous avons continué également sur notre site CEACAP la mise en ligne de l’annuaire des membres de la Compagnie, de leur disponibilité pour les différentes missions qui pourraient leur être confiées. Dernièrement, nous avons introduit une rubrique encyclopédique WIKIARCHEX qui permettra à chacun, magistrats, avocats, experts, de trouver la définition d’un mot en relation avec le domaine de l’expertise que ce soit en droit ou en construction. Mais, je ne voudrais pas terminer mon propos, puisque nous sommes ici au Ministère de la Culture, en présence de magistrats et avocats, sans dire un mot sur les relations, sur les rapports qui ont animé pour ne pas dire agité au cours des siècles Justice et Culture. Ce sont les Grecs qui ont associé la justice et la culture pris au sens de mœurs. Platon explique que Zeus a envoyé aux hommes le dieu Hermès qui leur a donné l’aidos, la pudeur et le dike, la justice . L’alliance des deux ont formé la base de la cité qui s’oppose à la nature où règne le chaos. Par opposition, la cité est le lieu de l’harmonie et de l’équilibre, de la modération. Cicéron reprendra plus tard cette idée et forgera la notion d’Humanitas qui anime l’orateur et principalement l’avocat. La justice et la culture se sont longtemps affrontées surtout depuis le siècle des lumières. La culture au sens d’œuvre de l’esprit a subi la critique de la justice avec tous ses effets pervers. Impossible de donner une liste exhaustive. Mais Balzac est sans doute l’un des plus critiques à l’égard de la justice. En écho à Balzac, Daumier caricature avec férocité les gens de justice. Mais c’est sans doute avec Kafka dans le Procès que l’on a le réquisitoire le plus implacable de la justice. Kafka la dépeint comme une machine à broyer les individus. La justice n’est pas en reste, elle a souvent joué le rôle de censeur. Cependant il semble qu’aujourd’hui les relations se soient apaisées. Dans notre monde numérisé, où la tolérance s’affirme, la justice paraît être le rempart de la libre expression culturelle. La défense du droit des auteurs, de la propriété artistique, la lutte contre le piratage, le droit à la caricature, droits fondamentaux de la création culturelle sont défendus par la justice qui apparaît comme le garant de la liberté d’expression. Ainsi dans notre monde instable, on retrouve l’alliance que les Grecs avaient formée entre l’aidos et le dike. Mesdames et Messieurs les Magistrats, Mesdames et Messieurs les Avocats, nous sommes donc vraiment très heureux de vous recevoir aujourd’hui. Sachez que nous sommes, à vos côtés, dans le souci d’une meilleure justice pour tous. Cette manifestation est un signe de notre reconnaissance et de notre dévouement à votre égard.