BILLET n°155 – A Louis-Marie Flamand le Bienheureux

 

Je te salue Louis-Marie, plein de grâce sur cette vue que tu nous donnes de ton isolement consenti… et de ton insolence.  

Ah bienheureux Louis-Marie, la photo de toi cloîtré nous ravit, mais avec toutes ces victuailles, comment se fait-il que tu ne sois pas « gras comme un moine »… Sont-ce tes flacons d’urine derrière toi, à ta gauche, qui attendent d’être analysés par les autorités médicale ? Nous te voyons saint pourtant, même si tu ne sembles pas encore tout à fait sain, ceint dans ta veste de pyjama.

 

Louis-Marie le Bienheureux… te voilà béatifié ? Tu serais le premier déclaré saint de son vivant…

 

Le pain, certainement béni, est comme une auréole sur ta tête… Le vin dans une bouteille bien entamée déjà, accroché comme un divin nectar en suspension dans l’éther, certainement béni lui aussi, n’est là que pour rappeler le sacrifice de l’artiste pour ses semblables…

Et ce sont très certainement des lectures pieuses sur l’étagère…

Le fusil posé sur la crosse est là pour chasser le diable qui oserait te tenter de quelques péchés capitaux tel saint Antoine, la luxure, mais dans ton état peu de risque, la gourmandise peut-être, avec deux saucissons, quand un suffirait, suspendus à des bouts de ficelles… 

Quant à l’oseille, accroché comme un fouet de pénitence, il est là pour rappeler que l’artiste ne vit pas que d’amour et d’eau fraîche.

 

Et cet être admirable, l’ami de l’homme, ce canidé tout ouï de la voix de son maître, n’est-il pas là comme une référence au bon saint François d’Assise. Comme le bon saint prêchant aux oiseaux, de même ne prêches-tu pas à ton chien ? 

Quant aux casseroles au mur, nulle allusion à ta musique, bien sûr… elles ne sont là que pour rappeler que ta vie durant, tu fis bouillir la marmite pour les tiens, leur épargnant la misère, préférant le dur labeur des expertises aux amusements des musiciens de fanfare… Nous décryptons sur les notes de la partition devant toi l » « Beato è l’uomo (Bienheureux l’homme) de la cantate de Bach, et non quelque chants profanes, ou pis, quelques chansons du répertoire des Quat’zarts…

 

Ah l’auréole, mais la voilà, ce que l’on prenait pour un canotier n’était en fait que le signe de la béatitude du musicien … D’ailleurs notre président ne s’y est pas trompé quand il t’écrit, te voyant chargé et accaparé :  « si tu as un peu de temps disponible, accepterais-tu de composer un petit air de jazz qui pourrait être la signature sonore réjouissante de notre compagnie, le tout sans faire d’ombre au vénérable et incontournable « Pompier » bien entendu ? » Bien sûr abonde à cette demande, mais Bienheureux Louis-Marie, donne-nous un air « religieux », au sens de « relier », de « rassembler », quelque chose de bien « beaux-arts » quoi…

 

Nous sommes heureux, voire bienheureux, de t’avoir retrouvé ce soir, Louis-Marie, après avoir échappé à toutes les tourmentes… Nous attendons les premières notes sur ton saxo alto avec impatience.

 

Vincent, vieux texte de deux ans arrangé et complété le 19 janvier 2022, à la sortie d’une AG de la CEACAP…